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CAROCHA, lunettes a merveilles d'une bestiolle sans chichis
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CAROCHA, lunettes a merveilles d'une bestiolle sans chichis
23 juillet 2006

Un souvenir

 

Mon_portugal

 

Du Portugal ce n'est pas la morue, ou les azulejos, ou le soleil que j'aime. Ce que j'aime au Portugal, ce sont ces vieilles clôtures qui ne ceinturent plus rien depuis longtemps. Avant les vaches y restaient pendant la journée. Des vaches courtes et massives râblées comme des pots de yaourt, capable de digérer toute chose contenant au moins 0.5% de chlorophylle. Quand j'étais petite, tous les soir, j'allais avec une toute petite vieille dame les rentrer dans leur corral, pour ne pas qu'elles soient mangées par les chiens errants (le Portugal que je connais est une sorte de far-west européen). Elles se planquaient dans les bambous et comme la vachère ne savais pas très bien compter, elle s'y reprenais plusieurs fois pour être sur qu'elles soient bien toutes là. Et à chaque fois qu'elle recommençais, il sortait une vache du fin fond du champ. Abattu, elle enlevais son chapeau de sa tête, s'épongeant le front de son avant bras en crachant des jurons que je n'ait jamais compris. Puis elle recomptais. Quand les vaches en avaient marre de la faire tourner en bourrique (ou quand elle avaient pitié de cette pauvre dame qui leur courrait en secouant au dessus de sa tête son bout de bâton en bambou), elles se rassemblaient derrière la plus idiote des vaches du troupeau et rentraient au corral, toutes seules. En fait, une fois que la vachère voyais qu’elles se mettaient en route pour le corral, elle allais se rafraîchir à la fontaine (le trou dans le sol quoi..) et revenais une fois qu’elles étaient rentrées. Là, elle fermais la clôture en poussant le vieux portail en fer rouillé, dont tout le miracle consistait à tenir à deux poteaux de bois mort à l’aide de ficelle de cuisine. Quand au reste de l’enclos, du barbelé encore et toujours.

 

Seulement maintenant il ne reste que le barbelé. J’ai appris la mort de cette dame il y a quelques mois. Quand le propriétaire du troupeau l’as vendu elle est partie en retraite, et je n’en avais pas entendu parler jusqu’a ce que ma grand-mère me l’annonce. Cette dame me faisait chaque année pour mon anniversaire un mouchoir brodé à mon nom.

 

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